Solutions de transport de V&S par péniche en Métropole

Deux fois par an, en avril et en août, la péniche Séraphine transporte à Paris, au départ de Béziers, des cargaisons de vins et autres produits de terroir méridionaux. Rachetée en 2018 à deux passionnés, Cécile Sauthier et Raphaël Sauzéat, qui l’exploitaient depuis 2015 sous le nom d’Alizarine, Séraphine est aujourd’hui la propriété des Canaliens, société coopérative d’intérêt collectif, et livre aussi bien aux particuliers – qui peuvent passer commande sur la boutique que Fleuve de Liens, association de promotion du fret fluvial artisanal, a ouvert sur Coop-Circuits – qu’aux professionnels. « Les acheteurs récupèrent leurs achats à quai, lors des escales, ou sont livrés directement chez eux par vélo cargo, une solution logistique que nous proposons en particulier à Lyon et en Île-de-France, où Les Canaliens et le Comptoir Dionysien, l’un de leurs principaux clients, ont leur siège », explique Denis Robert, co-exploitant du Mas d’Intras (IGP ardèche), canalien de la première heure et administrateur de Fleuve de Liens.
Au total, une vingtaine de producteurs de V&S bio, biodynamiques ou nature, confient leurs expéditions à Séraphine. Il s’agit majoritairement de « monter » les produits à Paris, mais la péniche, en sens inverse, « descend » aussi du champagne, du cidre et de la bière dans le Midi.
Le tarif d’expédition d’une palette, depuis le Midi jusqu’à Paris, est d’environ 300 €, et il faut compter 30 jours pour la livraison. « Notre projet s’inscrit dans une démarche qualitative et écoresponsable, plaide Denis Robert. Le bilan carbone d’une péniche comme la nôtre, même diesel, qui peut charger jusqu’à 250 t de marchandises, est bien inférieur à celui d’un camion. À plus long terme, l’hybridation diesel-électrique ou diesel-hydrogène de Séraphine – voire l’acquisition d’une nouvelle péniche “propre” – améliorera encore notre performance. »
Les Canaliens cherchent à parfaire leur service et leur maillage territorial. Ainsi collaborent-ils avec Vivre le Canal, structure qui exploite une autre péniche, le Tourmente, sur le canal du Midi. Des questions de gabarit rendent cette voie d’eau inaccessible à Séraphine et, inversement, le Tourmente ne peut naviguer au-delà de Dijon. « Nous transbordons donc des cargaisons d’une embarcation à l’autre, explique Denis Robert. Ainsi Séraphine vient-elle d’acheminer pour la première fois à Paris des vins bordelais, dont le Château Val Beylie, transportés jusqu’à Sète par le Tourmente. »
Les Canaliens et Fleuve de Liens militent enfin pour une politique plus favorable au fret de proximité de la part des pouvoirs publics et des gestionnaires des voies navigables. Ils demandent en particulier « plus de quais, moins chers, des canaux mieux entretenus et un soutien à la création de véritables comptoirs fluviaux où se rencontreraient logisticiens et commerçants. »
En savoir plus : Les Canaliens : https://www.lescanaliens.org/