Logistique internationale : fortes perturbations à venir…

L’incident du porte-conteneurs Ever Given, bloqué toute une semaine dans le canal de Suez, a et aura des répercussions importantes sur le trafic maritime Europe-Asie. Grégory Bidault, directeur du développement de Balguerie, distingue trois types de conséquences : « 1° À court terme, la résorption de l’embouteillage provoqué par l’immobilisation des centaines de navires bloqués aux abords du canal va prendre plusieurs jours. Au final, les retards à destination avoisineront les deux semaines. Les navires qui ont fait le choix de se dérouter pour emprunter le cap de Bonne Espérance accuseront un retard équivalent. 2° L’incident étant désormais clos, les expéditions, suspendues dans les ports durant l’incident, repartent de plus belle. C’est maintenant là que l’on se bouscule au portillon ! Certaines compagnies ont d’ores et déjà cessé de prendre des réservations. 3° La pénurie de conteneurs – déjà constatée sur l’axe transatlantique où la situation demeure très tendue, avec des tarifs qui continuent de s’envoler, à 6 000 ou 7 000 $ le conteneur, y inclus les primes de priorité qui ne garantissent pas systématiquement les embarquements ni la disponibilité d’équipement – va s’aggraver. » Laurent Balian, directeur général de Fatton à Taïwan et Shenzhen, pointe aussi le danger accru de « “sauts d’escales”, en particulier celle du Havre, si les ports européens se retrouvent trop encombrés. Si vous ajoutez à cela la hausse des cours du pétrole, toutes les planètes sont alignées pour de nouvelles hausses de prix ! » Au point de rendre l’avion compétitif ? « Certains opérateurs n’ont pas eu d’autre choix que d’y recourir, explique Laurent Balian, notamment des exportateurs de vin dont les contrats avec des opérateurs de GD prévoient des pénalités de retard. Mais par contrecoup, les prix de l’aérien s’envolent aussi. Ils ont augmenté de 10% en une semaine ! » Quid du train ?  « Sur l’axe France-Chine, avec des tarifs entre 3 000 et 5 000 € le conteneur selon que vous visez le centre de la Chine ou ses zones côtières, le ferroviaire est devenu moins cher que la voie maritime », assure Xavier Vanderpeppen, responsable de l’axe Chine-Europe chez Forwardis, qui estime aussi que « les solutions en rail se développent entre la France et la Chine. J’en veux pour preuve l’envoi réussi, en novembre dernier, de 20 conteneurs de beaujolais nouveau sur le Japon » (relire V&S news du 04/12/2020). Pour autant, il reconnaît la capacité limitée du ferroviaire, « marché de niche représentant 3 à 4% des échanges entre l’Europe et la Chine ». Le maritime reste donc peu remplaçable. Grégory Bidault et Laurent Balian ne voient pas, hélas, la situation du secteur se normaliser « avant plusieurs mois. » Une mauvaise configuration à l’heure où les commandes de vin repartent aux États-Unis et en Chine.