Le retour de la marine à voile pour les V&S

Partie de La Rochelle le 31 juillet dernier, la goélette Avontuur arrivera à Montréal, sa destination finale, vers le 1^er octobre, au terme d’une traversée qui n’a rien d’un voyage de plaisance. L’Avontuur embarque en effet une cargaison de charentaises, bérets, et marinières, ainsi que… 11 palettes de champagne Nicolas Feuillate, le tout pour le compte de la maison de négoce canadienne Portfranc. L’ambition de son armateur, Timbercoast, fondé par l’Allemand Cornelius Bockerman, est de proposer une offre régulière de fret transatlantique éco-neutre : Avontuur combine la voile et les panneaux solaires comme modes de propulsion. « Nous avons aussi transporté vers les Caraïbes des barriques de gin et de vodka de la marque Hannover Gin et, au retour, du rhum de Santa Cruz de la Palma que nous allons commencer à commercialiser sur notre magasin en ligne », explique Ben Decosse, directeur du développement de l'entreprise. « Ce mode de transport correspond à la fois à notre démarche environnementale, même si soyons francs, les volumes sont encore insignifiants, et au côté aventurier de notre marque, explique Olivier Legrand, responsable marketing de Nicolas Feuillatte. Ce galop d'essai a vocation à se poursuivre puisque l'armateur nous parle aujourd'hui de bateaux qui permettront de transporter une centaine de containers par an d'ici 2022. »
L’initiative rejoint celle de TOWT (TransOceanic Wind Transport), société créée en 2011 par le Français Guillaume Le Grand et qui compte à son actif le transport de plusieurs cargaisons de V&S à bord de son ketch norvégien le Lun II : du rhum agricole originaire des Antilles à destination de Douarnenez, ou encore des vins portugais bio entre Porto, Douarnenez et le Royaume-Uni, pour le compte de la société française Biocoop et du marchand anglais Raymond Reynolds.
La voile engendre un léger surcoût, de 0,10 à 0,20 € par bouteille, entre Porto et Douarnenez, mais elle économise 1 kg de CO₂ par bouteille, affirme-t-on chez TOWT, tandis que Timbercoast estime qu’à cargaison équivalente, un voilier émet 10 fois moins de CO₂ qu’un porte-conteneurs motorisé. Le transport à la voile fait, depuis 2014, l’objet d’un label auquel les consommateurs peuvent aussi être sensibles. La voile dépendant des conditions météo, le respect des délais de livraison peut donc constituer un problème, mais les clients acceptent généralement une certaine flexibilité en la matière, en renonçant par exemple aux pénalités en cas de retard.